Il y a 1 année 10 mois
Territoire rural, le PETR du Pays du Sundgau (68) a souhaité être accompagné par la Région Grand Est, dans le cadre du programme Climaxion, pour une étude prospective sur conversion des flottes de véhicules lourds pour des motorisations à faibles émissions. Comment installer une telle démarche sur le territoire ? Comment convaincre les acteurs ? Quelles technologies privilégier ?... Autant de questions que la collectivité s’est posée. Son 1er vice-Président, Denis Nass, également Président de la Chambre d’Agriculture d’Alsace, partage les raisons de cet accompagnement et les bénéfices attendus.
- Pourquoi avoir sollicité Climaxion pour une étude sur la conversion des flottes territoire du Pays du Sundgau ?
- Denis NASS : Le Sundgau est situé entre trois grands pôles : Belfort, Bâle-Saint-Louis, et Mulhouse Alsace Agglomération. Sur la M2A, une ZFE-m (Zone à Faibles Emissions) sera mise en place avant le 1er janvier 2025. Notre projet de territoire est de reconnecter la ruralité avec le monde urbain et cela passe, entre autres, par la mobilité décarbonée. Nous nous devons d’anticiper les évolutions des zones urbaines. D’où la construction d’un schéma à notre niveau qui aborde la question des flottes à basses émissions.
- Quelles sont les solutions de mix énergétique qui pourront être proposées par le territoire ?
- Le territoire du Pays du Sundgau compte avec un grand potentiel pour produire des énergies renouvelables 100% locales. L’objectif du PETR du Pays du Sundgau est de favoriser l’offre de mix énergétique, tout en se basant sur les ressources locales existantes. Pour la production d'électricité, nous comptons avec des zones de stationnement pouvant accueillir des ombrières photovoltaïques, ainsi qu’avec des toitures des bâtiments publics et des bâtiments agricoles pour la mise en place de panneaux photovoltaïques. Pour la production de biométhane à partir de la méthanisation, la valorisation des déchets organiques dont les effluents d’élevage est d’autant plus importante sur un territoire à vocation agricole comme le nôtre. D’autres énergies renouvelables font aussi partie de la réflexion (chaleur renouvelable, biomasse, hydrogène…). C’est cette complémentarité qui va nous permettre d’offrir des solutions d’avitaillement multi-énergie et d’anticiper les usages de demain. Répondre à la demande des entreprises du territoire, des transporteurs et des particuliers est une de nos priorités. L’hydrogène peut faire partie de l’offre mais nous avons besoin d’identifier des synergies avec les territoires voisins.
« Anticiper les usages de demain »
- Qu’attendez-vous de l’accompagnement Climaxion avec cette étude prospective motorisations à faibles émissions ?
- Nous attendons beaucoup de cet accompagnement pour avancer et sécuriser les évolutions de notre territoire péri-urbain. Le PETR dispose d’un plan paysage énergie avec, par conséquent, des atouts à préserver. Mais nous avons également besoin d’écouter et de partager les expériences d’autres territoires pour nous inspirer et identifier des synergies à l’échelle du sud Alsace et de la région Grand Est. Le rôle du PETR est d’anticiper les usages de demain, et de faire le lien entre les démarches locales et celles des territoires voisins, afin de construire une stratégie permettant aux transporteurs et usagers de bénéficier d’une offre multi-énergie. Il s’agit de trouver une solution pour sortir des énergies fossiles et accompagner la transition vers un mix énergétique.
- Avez-vous envisagé de mener cette démarche seul ?
- Non. Cette démarche fait partie d’un projet de territoire co-construit entre les Communautés de Communes Sundgau et Sud Alsace Largue, le PETR du Pays du Sundgau et les acteurs économiques du territoire, accompagnés par la Région Grand Est. Cette mutation entraîne des investissements conséquents et cela nous serait impossible de porter ce projet seuls. D'où l'intérêt à travailler ce sujet avec tous les acteurs locaux concernés par la décarbonation des mobilités. Le PETR du Pays du Sundgau souhaite être acteur du changement climatique et des transitions en termes d’énergie et de mobilités. Pour cela nous avons besoin d’être bien entourés. Plusieurs acteurs ont déjà été intégrés à la réflexion : la Collectivité Européenne d’Alsace, la Chambre d’Agriculture, GRDF, ENEDIS, le Territoire d’énergie Alsace, la CCI, entre autres. Une bonne dynamique est en train de se créer et l’accompagnement technique et financier de la Région Grand Est reste primordial pour garantir la décarbonation des flottes du territoire.
« Les entreprises évoluent sur la question de la mobilité »
- Quelles sont les étapes de cette étude ?
- L’étude propose trois phases : la première phase propose la réalisation d’un diagnostic permettant d’identifier les forces et faiblesses du territoire en termes de production et de consommation énergétique. L’objectif est de comprendre quelle est la capacité du territoire à produire le volume de production d’énergies renouvelables nécessaire pour répondre aux usages. Cela afin de structurer nos évolutions. Nous réaliserons également un recensement des flottes de poids lourds existantes sur le territoire afin de connaître les possibilités de renouvellement. Notre objectif, accompagner les entreprises du territoire dans le rétrofit et/ou l’acquisition de véhicules décarbonés. L’étude doit trouver le bon équilibre entre écologie et économie. Fin janvier, nous démarrerons la deuxième phase du projet qui consiste à prendre contact avec les entreprises du territoire et identifier leurs besoins en termes de mobilité décarbonée. En mars, nous avons prévu une journée d’acculturation destinée à tous les acteurs de la mobilité, notamment aux transporteurs et aux entreprises propriétaires de poids lourds, afin de réfléchir ensemble à des solutions techniques et financières de reconversion de flotte. La troisième phase sera dédiée à la création d’un scénario de conversion des flottes et des solutions d’avitaillement nécessaires, ainsi qu’à l’accompagnement des entreprises qui souhaitent décarboner leurs flottes. La finalisation complète de l’étude est attendue pour juin ou juillet 2023.
- Quel est l’accueil des entreprises du territoire, pour l’heure, lorsque le sujet de la motorisation à faibles émissions est évoquée ?
- Les entreprises sont en train d’évoluer sur la question de la mobilité. Le coût des énergies et le manque d’approvisionnement ont, quelque part, renforcé la stratégie du PETR. En parallèle, la ZFE qui s’annonce à Mulhouse va contraindre les transporteurs à se mettre aux normes. Pour cela, nous devons leur offrir, dans le Sundgau, une offre pérenne et actuelle. Nous sommes conscients que l’aspect économique est fondamental dans la prise de décision et, par conséquent, le choix de l’énergie (électrique ? GNV ? biocarburants ? hydrogène ?). Nous devrons dimensionner les stations sur l’ensemble du territoire et nous devrons stabiliser une technologie.
« Être autonome sur l’implantation des stations »
- Avez-vous d’ores et déjà imaginé un schéma de déploiement ?
- C’est l’étude qui nous montrera quel sera le schéma de déploiement le plus pertinent à l’échelle de notre territoire. Notre priorité est d’être autonome sur la production et l’implantation des stations multi-énergie. Nous souhaitons donner de la proximité sur ce sujet-là. En cela, l’étude Climaxion est une étape importante pour nous car elle doit, également, montrer le sérieux de notre projet et de notre vision.
- De manière concrète, qui pilote cette étude au sein du PETR ?
- Nous avons sélectionné un cabinet pour nous accompagner dans le pilotage de cette étude. Une équipe d’élus et de techniciens au sein du PETR et des Communautés de Communes Sundgau et Sud Alsace Largue a été montée également pour suivre le dossier. 62% du montant de l’étude est couvert par la Région Grand Est qui nous a d’ailleurs proposé des maquettes que l’on a adaptées à notre territoire. Nous souhaitons que ce projet réussisse et nous mettons un maximum d’atouts de notre côté pour y parvenir. La mutation de notre territoire est nécessaire. L’étude et la stratégie qui en découleront permettront de rassurer tout le monde et d’avancer ensemble.
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