Directeur général adjoint du Crédit Agricole Champagne-Bourgogne, Laurent Haro a participé au parcours de la CEC entre 2023 et 2024. Une expérience qui a d’abord bousculé ce dirigeant avant de le marquer profondément et a permis à l’entreprise d’aller encore plus loin dans l’accompagnement que la banque propose à ses clients dans les enjeux de transition.

Crédit Agricole Champagne-Bourgogne
- Qu'est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans ce parcours de la CEC ?
- Au sein du Crédit Agricole, nous sommes évidemment concernés par les problématiques de climat, d’environnement et les limites planétaires de manière générale. Nous souhaitions également vivre une expérience aux côtés d’une soixantaine de dirigeants d'entreprise pour partager nos visions et nos approches respectives. Et enfin, la qualité des intervenants a fini de nous convaincre. Certains sont même d’anciens membres du GIEC. On le savait au départ, mais le vivre, c'est vraiment très fort. Toutes les conditions étaient réunies pour nous inviter à réfléchir.
- Avant de vous inscrire dans ce parcours, étiez-vous animé par l'envie de construire une stratégie climat ?
- Nous étions déjà sensibilisés sur différents sujets, avec des initiatives qui étaient lancées au niveau de la Caisse régionale Champagne-Bourgogne. Nous avions entamé la mesure de notre empreinte carbone et les actions pour la faire baisser au niveau de toute la chaine de valeurs. Nous avons aussi développé des initiatives de sensibilisation de nos clients. Justement, au départ, on se demandait ce que ce parcours de la CEC allait réellement nous apprendre. On s'estimait être un peu plus sensibilisés que la moyenne. Pour autant, on était loin d’imaginer ce qu'on allait découvrir et on a adoré le cursus. On en est ressorti différent !
« Nous avons créé de nouveaux modes d’accompagnement »
- Quels sont les grands enseignements à l'issue de ce parcours ?
- Dans un premier temps, c’est l'urgence. Je n'avais pas matérialisé aussi fortement cette urgence. Ensuite, le risque systémique. C'est-à-dire qu'on ne peut pas prendre la décarbonation d'un côté, puis les problématiques autour de l'eau et de la biodiversité de l'autre, par exemple. Tout ça est un ensemble, alors que dans notre société, tout est plutôt décomposé en silo.
- À la suite de ce parcours, avez-vous interrogé votre modèle économique ?
- Être une banque, être au contact de l'ensemble des secteurs, de tous les acteurs économiques, que ce soit le particulier qui va faire une rénovation énergétique de son logement, le boulanger qui doit optimiser sa consommation énergétique, ou encore l'industriel qui doit modifier sa chaîne de production, nous confère une responsabilité, pas nécessairement sur notre modèle, mais plutôt sur l’accompagnement à mettre en place pour répondre aux différentes étapes de nos clients dans une démarche éco-responsable. Les sensibiliser, leur faire réaliser, les aider, les accompagner, et évidemment les financer. On a créé de l'ingénierie financière, de nouveaux modes d'accompagnement des transitions en créant des fonds dédiés sur les énergies renouvelables. On a réalisé l'importance de notre responsabilité, notamment sur notre territoire.
- Par quelles actions cela s’est-il traduit ?
- Depuis 2023, nous avons eu un entretien avec l'ensemble de nos clients entreprises. Ce n’est pas un entretien bancaire. On a donné à nos clients une sorte de scoring. On a créé un référentiel pour situer le client. On a créé ce référentiel pour que le dirigeant puisse se situer, en termes RSE, par rapport à d'autres entreprises. En parallèle, nous avons formé tous nos conseillers pour les guider sur ces thématiques et qu’ils soient en mesure de répondre aux problématiques soulevées par ce référentiel. Ensuite lorsque le client a défini sa problématique, nous avons développé un écosystème de partenaires : start-up du territoire, filiale d’EDF,... L’objectif est de mettre en relation nos clients avec cet écosystème d'une dizaine de professionnels afin de maintenir un projet comme la restauration énergétique d’un bâtiment industriel. Et une fois que nos clients ont clairement défini leurs projets, nous sommes là pour les financer, pour investir. Nous avons créé toute la chaîne. Progressivement, nous réalisons ce type d’entretien transitions également avec les clients agriculteurs et professionnels.
« La puissance du collectif »
- Effectuer le parcours de la CEC en binôme, est-ce bénéfique ?
- Oui, parce que, au début, vous êtes dérouté et vous prenez des coups de massue sur la tête. Echanger avec un collègue, c’est rassurant. Pouvoir partager en direct certains enseignements avec son binôme, permet d’imaginer des mises en application encore plus concrètes.
- Si vous deviez inciter des entreprises qui hésiteraient encore à sauter le pas, que leur diriez-vous ?
- La CEC c'est une expérience unique, c'est même une aventure qu'il faut vivre, parce que ça vous permet de réaliser certaines choses que vous ignorez ou que vous sous-estimez. On est accompagné par des experts, on est aux côtés d'autres dirigeants du territoire, avec toute la puissance du collectif. C'est une aventure qui bouscule au départ, et puis on prend le dessus, encore plus déterminé. C’est une expérience qui s'inscrit aussi dans une utilité parce qu'il y a un objectif, il y a un livrable : c'est la feuille de route que chaque entreprise doit rédiger et qui est engageante parce qu’on la partage avec les autres dirigeants, et parce qu’elle est ambitieuse par rapport aux problématiques qui se posent. La CEC, ce n'est pas simplement un cycle de conférences. C'est vraiment une expérience où, à titre personnel et professionnel, on vit des choses qu'on n'avait pas forcément anticipé et qui s'inscrivent vraiment dans une utilité.